
NaTran (anciennement GRTgaz) orchestre le projet HY‑FEN, une infrastructure majeure prévue pour transporter de l’hydrogène « renouvelable et bas carbone » sur plus de 800 km, du sud de la France (Bouches-du-Rhône) jusqu’à la frontière allemande (Moselle). Ce corridor est pensé pour relier les principaux bassins industriels (Fos‑Méditerranée, vallée du Rhône, Grand Est) à de futurs sites de stockage souterrains, assurant sécurité et compétitivité énergétique.
En parallèle, le projet s’inscrit dans une stratégie européenne de corridors hydrogène, notamment le European Hydrogen Backbone et le corridor H2med, reliant la péninsule ibérique à l’Europe centrale
Cinq régions françaises s’engagent collectivement

Le 1er juillet 2025, lors des Journées Hydrogène dans les Territoires, les régions Auvergne‑Rhône‑Alpes, Bourgogne‑Franche‑Comté, Grand Est, Occitanie et Provence‑Alpes‑Côte d’Azur ont publié une déclaration commune de soutien au projet, signée à Lyon en présence des représentants régionaux et de NaTran. Ce soutien politique constitue une étape déterminante pour la légitimation du projet au niveau national.
En Bourgogne‑Franche‑Comté, HY‑FEN desservira 140 km de territoire, s’ajoutant aux investissements déjà en place chez NaTran, comme 2 520 km de réseau, 55 salariés et une modernisation de 12 M€ en 2024 incluant la station de compression de Vindecy.
Une infrastructure d’envergure et des études déjà engagées

Dès juin 2024, NaTran a lancé des études de faisabilité (pré-FEED) pour le tracé HY‑FEN, portant sur 850 km de canalisations — ainsi que sur les capacités techniques, environnementales, économiques et réglementaires — avec un objectif de capacité de 2 Mt/an d’hydrogène.
Ces études visent notamment à :
- Déterminer l’opportunité de convertir des gazoducs existants ;
- Évaluer les coûts, dimensionnements, contraintes environnementales et sécuritaires ;
- Préparer les phases suivantes (ingénierie de base — FEED — puis exécution des travaux).
Plusieurs réseaux industriels, incluant la vallée de la chimie Rhône-Alpes et les régions du Grand Est, seront interconnectés, avec le soutien actif de la CNDP (Commission nationale du débat public) pour engager un dialogue citoyen à Fos‑Berre Provence.
Un soutien européen décisif : financement et label PIC

Le projet HY‑FEN fait partie des initiatives européennes labellisées Projet d’Intérêt Commun (PIC) en avril 2024, aux côtés de quatre autres projets (mosaHYc, RHYn, DHUNE, WHHYN) et de BarMar. Cette labellisation permet d’accéder au programme Connecting Europe Facility (appel à projets CEF).
En février 2025, l’Union européenne a attribué 35 M€ de subventions à NaTran pour HY‑FEN et quatre autres infrastructures (notamment BarMar, RHYn). Au total, NaTran et ses partenaires ont bénéficié de 64 M€, dont 35 M€ pour des infrastructures à hydrogène.
Le DG du développement, Anthony Mazzenga, a souligné que ces initiatives illustrent non seulement le savoir-faire technique de NaTran, mais également le soutien des industriels, des collectivités et de l’Europe pour structurer des corridors hydrogène à horizon 2030.
Objectifs et bénéfices territoriaux
Les bénéfices attendus sont multiples :
- Décarbonation industrielle : HY‑FEN permettra à de grandes industries de s’approvisionner en hydrogène renouvelable, levier incontournable pour décarboner secteurs comme la chimie, l’acier ou les transports lourds.
- Sécurité d’approvisionnement : les stockages souterrains liés à la dorsale HY‑FEN stabiliseront l’offre, atténuant les fluctuations de prix ou d’approvisionnement.
- Structuration territoriale : l’infrastructure renforcera l’attractivité industrielle, créera des emplois (ingénierie, construction, exploitation) et s’insérera dans la stratégie européenne de corridor transeuropéen .
- Optimisation d’infrastructures existantes : HY‑FEN prévoit soit la conversion de gazoducs, soit la construction de nouveaux tronçons, minimisant ainsi les coûts initiaux et les impacts environnementaux.
Une méthode progressive vers la mise en service
NaTran envisage la mise en exploitation d’HY‑FEN d’ici 2030, selon un scénario en plusieurs phases :
- 2021–2022 : concertation avec acteurs régionaux (producteurs, industriels) pour définir les besoins.
- Juin 2024–2025 : études de faisabilité et ingénierie de base ;
- 2025–2026 : autorisations, planification des travaux et appels d’offres ;
- Fin 2020s : construction, tests techniques, mise en service progressive.
Le partenariat régional et européen est véritablement pensé comme un levier technique et politique permettant de sécuriser le projet à long terme.

Convergence européenne : corridors intégrés et vision stratégique
HY‑FEN ne se limite pas à un projet national : il s’inscrit pleinement dans la stratégie européenne. Il interconnectera :
- H2med : corridor maritime reliant la péninsule ibérique à Marseille/Fos-sur-Mer (BarMar).
- mosaHYc : corridor transfrontalier France‑Allemagne‑Luxembourg ;
- RHYn, WHHYN, DHUNE : réseaux frontaliers et régionaux.
Cette synergie ouvrira la voie à un marché européen de l’hydrogène fluide, compétitif et accessible, conformément aux visions de la Commission Européenne.

Le rôle transformateur de NaTran
Depuis son repositionnement en 2025 (anciennement GRTgaz), NaTran a précisé ses ambitions dans son plan NaTran2030, s’engageant à investir au moins 50 % dans les gaz renouvelables (hydrogène, biométhane, CO₂) et à multiplier par cinq les volumes transportés d’ici à 2030.
En Bourgogne, par exemple, NaTran emploie 55 personnes, gère de nombreux gazoducs, modernise les infrastructures (station de compression), investit dans l’écologie (arbres, photovoltaïque) et expérimente des technologies “zéro fuite”. Ce dynamisme local se déploie à l’échelle nationale avec HY‑FEN.
Par ailleurs, l’approche participative menée avec la CNDP, via la consultation publique sur les zones Fos‑Berre Provence, illustre un processus transparent et citoyen.

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