Helma-P : le laser français de lutte anti-drone

L’entreprise CILAS, spécialisée dans l’optique et le laser est basée à Orléans et  existe depuis 1966. Elle est une filiale de deux grands groupes tricolores : Safran Electronics & Defense et MBDA. Elle compte désormais 200 salariés. CILAS fabrique donc des systèmes laser pour la défense, la sécurité et le spatial. Elle développe aussi des équipements pour l’observation, le guidage ou encore la télémétrie utilisée par les forces spéciales comme le Commando Parachutiste N°10. Son expertise est de plus reconnue dans le monde entier.

En 2017, l’État français a lancé un projet ambitieux. Il voulait un laser capable de neutraliser les drones et CILAS a été choisie pour le réaliser. Le projet s’appelait L2AD, pour “Laser de Lutte Anti-Drone”. Le prototype issu de ce programme s’appelle aujourd’hui HELMA-P.

HELMA-P est un système compact. Il peut être installé sur un véhicule, sur un trépied ou même sur un navire. Il est mobile, précis et entièrement électrique. Sa puissance atteint 2 kilowatts. Cela suffit pour détruire un drone à plus d’un kilomètre de distance. En général, le tir dure moins de dix secondes. Le drone est alors perforé, brûlé ou rendu inopérant.

Le système comprend aussi une caméra, un télémètre et un suiveur automatique. Il repère seul sa cible. Il la poursuit et l’atteint sans intervention humaine continue. En plus, il fonctionne sans munition, ne fait pas de bruit. C’est donc une arme propre, rapide, silencieuse et surtout 100% tricolore !

Dès 2020, HELMA-P a été testé à Biscarrosse. Sur le site d’essai de la DGA, plusieurs drones ont été ciblés. Tous ont été neutralisés avec succès. Même par mauvais temps, la performance était au rendez-vous !

En 2021, la ministre des Armées Florence Parly est venue observer un test et a salué l’efficacité du système au vue de la réussite des essais. Un an plus tard, HELMA-P est monté sur la frégate Forbin. Il a neutralisé plusieurs drones en pleine mer envoyé par les houtis, une grande première opérationnelle. Il a prouvé que le laser pouvait aussi être utilisé dans un environnement naval.

HELMA-P a de nombreux avantages. D’abord, il ne consomme que de l’électricité, ce qui facilite la logistique. De plus, il n’a pas besoin de ravitaillement en munitions… à contrario des systèmes classiques de lutte anti-drone.  Ensuite, il est très précis et évite des dégâts collatéraux. Il est surtout capable de neutraliser un petit drone sans toucher l’environnement autour. Enfin, il est efficace contre tous les types de drones. Même ceux qui volent en autonomie ou sans signal radio car reliés par fibre optique comme c’est le cas en Ukraine. Contrairement aux brouilleurs qui utilisent les ondes radio, le système Helma-P agit directement sur la structure en la détruisant.

Les armées françaises vont bientôt en bénéficier. En 2024, le ministère des Armées a commandé trois systèmes HELMA-P. Ils ont progressivement être livrés en 2024 et ont aussi assuré la sécurité des Jeux Olympiques 2024 de Paris où ils ont servi à sécuriser les sites sensibles, en complément d’autres systèmes.. Ces lasers seront intégrés dans des unités de l’armée de Terre, de l’armée de l’Air et de la Marine. Ils pourront protéger des bases, des convois ou des bâtiments stratégiques.

HELMA-P ne fonctionne pas seul. Il s’insère dans un programme plus large, appelé LAD (Lutte Anti-Drone). Ce programme combine plusieurs technologies : fusil calibre 12, radar, brouilleur, canon, drone intercepteur, laser et prochainement canons bitubes de 20mm équipés d’intelligence artificielle. Ainsi, l’armée française développe désormais une défense « multi-couches » qui sera capable prochainement de détecter, suivre et détruire tous types de drones.