Georges Clemenceau

Il est des personnages qui marquent un pays par leur impact dans la vie politique et on peut affirmer sans sourciller que Georges Clemenceau fait partie de ceux-là.

Ce médecin vendéen né en 1841 a eu un impact tellement important dans la vie du pays qu’il représente à lui-seul la pugnacité et la volonté qui ont contribué à mener la France à la victoire de 1918.

Jeunesse militante

Issu d’un milieu bourgeois, Clemenceau aime volontiers rappeler qu’il tire ses principales qualités de ses origines vendéennes : le courage, l’obstination têtue et la combativité ont fait sa renommée qui perdure encore aujourd’hui. Très engagé dans sa vie étudiante qu’il mène à Paris, notre homme apparaît pourtant dissipé, préférant les cercles artistiques et créant avec ses amis plusieurs journaux et revues satiriques contre le gouvernement en place ; ce qui lui valut d’ailleurs 73 jours de prison. Suite à une déception amoureuse, Clemenceau s’exile en 1865 en Angleterre puis aux Etats-Unis (tout juste sortis de la Guerre de Sécession) où il devient professeur de Français pour jeunes filles, ainsi que professeur d’équitation.

A l’effondrement de l’Empire en 1870, Clemenceau, qui est un anticlérical républicain et antimonarchique convaincu, démarre alors sa carrière politique devenant successivement maire du 17ème arrondissement de Paris puis député de la Seine alors que la France capitulait face aux Prussiens. Réélu député en 1876, ce dernier réfute la nouvelle république et s’impose progressivement comme le chef des Républicains Radicaux, militant déjà pour la laïcité et la séparation de l’Église et de l’État, réforme qu’il réussira à imposer en 1905. Il défend également la mise en place de l’impôt sur le revenu, la limitation du temps de travail, la retraite, la responsabilité des patrons en cas d’accident, le rétablissement du divorce, le droit syndical ou bien encore l’interdiction du travail pour les enfants de moins de 14 ans.

Clemenceau pendant la guerre

Un leader humaniste

Ses adversaires trouvent en lui un homme sachant utiliser l’ironie dans ses joutes verbales ainsi qu’une férocité dans ses débats qui lui valent le fameux surnom du “Tigre”. Profondément social et démocrate, Clemenceau s’implique aussi dans l’affaire Dreyfus qui lui permet de revenir au premier plan après un petit coup de mou politique en défendant le capitaine accusé. Devenu sénateur en 1902, ce socialiste dans l’âme s’oppose aussi au colonialisme et devient Ministre de l’intérieur en 1906 avant de prendre la tête du Conseil quelques mois plus tard devenant ainsi le Président le plus à gauche de la IIIème République. Ami du Préfet Lépine, Clemenceau est à l’origine de la police scientifique et crée les brigades régionales mobiles plus connues sous le sobriquet des “Brigades du Tigre” qui lui valurent une série télé des décennies plus tard alors que son visage arbore les armoiries des polices de tout le pays.

Mais la Première Guerre Mondiale arrive et, toujours sénateur, Clemenceau s’insurge contre le gouvernement en place prônant un patriotisme avant de devenir en 1917 pour la seconde fois Président du Conseil à 76 ans. Il ré-instaure la confiance dans le pays pourtant en proie à la guerre. A son surnom de félin s’ajoute désormais celui de “Père la victoire”. Caustique, décapant, parfois autoritaire mais totalement humaniste, Clemenceau est aussi un passionné d’art. Protecteur de Monet qu’il connut quand il était étudiant, c’est lui qui fera entrer les deux premières œuvres d’art japonaises au Musée du Louvre. Une fois en retrait de la vie politique, notre homme voyage, chasse, écrit, fait des conférences avant de mourir à 79 ans d’une crise d’urémie.

Georges Benjamin Clemenceau 1929

Un homme, une légende

La légende dit qu’il fut enterré “debout, face à la ligne bleu des Vosges” comme un dernier pied de nez à l’Église et à l’ennemi d’outre-Rhin. Homme de liberté sociale, patriote et démocrate, Clemenceau restera à jamais dans l’histoire française comme un exemple de combativité et ce n’est pas pour rien que la Marine Nationale donnera son nom à l’un de ses premiers porte-avions quelques années plus tard.